3 questions à François Gemenne, co-auteur du rapport du GIEC

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Invité d’honneur d’un Club « Une énergie d’avance », l’expert en sciences climatiques, François Gemenne a accepté de répondre aux 3 questions de Coénove. Il y partage sa vision sur la Programmation Pluriannuelle de l’énergie dont la consultation a débuté le 4 novembre, ainsi que sur les leviers essentiels pour réussir la transition énergétique et en faire un projet réussi, acceptable et désirable par tous les citoyens.

La consultation publique de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie est ouverte. Selon vous, en quoi ces documents sont-ils essentiels pour orienter la transition énergétique, et quelles priorités devraient y figurer pour atteindre nos objectifs climatiques ?

Je crois qu’il est essentiel de définir une trajectoire. Trop souvent on se contente de définir des objectif de moyen- ou de long-termes, ce qui est évidemment essentiel, mais il faut aussi dessiner la trajectoire qui nous permettra d’atteindre ces objectifs. Des objectifs décidés sans trajectoires sont irréalistes. Pour atteindre nos objectifs, nous aurons besoin d’un mix énergétique robuste, qui prenne également en compte les contraintes sociales et l’état du bâti. Nous avons besoin de toutes les énergies décarbonées, et nous avons également besoin de sobriété énergétique.

L’Union européenne avance sur le Green Deal, un plan ambitieux pour le climat et la biodiversité. D’après vous, quelles en sont les forces et les limites, en particulier suite à l’élection de Donald Trump à la Présidence des Etats-Unis d’Amérique ?

L’élection de M. Trump n e doit pas détourner l’Europe de ses objectifs climatiques : il faut au contraire renforcer le Green Deal, qui me semble être le projet politique et économique sur lequel l’Europe doit s’appuyer pour son développement, y compris pour son développement politique. Le Green Deal est dans l’intérêt de l’Europe, de son économie et de ses entreprises. Il est clair que les Etats-Unis et l’Europe vont prendre deux chemins très différents, mais l’Europe doit assumer de suivre son propre chemin. Se mettre à la remorque des Etats-Unis serait non seulement dramatique pour le climat, mais reviendrait à se tirer une balle dans le pied. Il faut maintenant faire du Green Deal un véritable projet, alors qu’il apparaît encore souvent comme une contrainte – c’est sa principal faiblesse.

Quels sont les leviers qui, selon vous, pourraient faire de cette transition énergétique que nous dévons réussir, un projet acceptable et désirable pour les citoyens ?

En priorité le levier de l’intérêt : nous ne voulons pas toujours l’admettre, mais nous agissons avant tout en fonction de nos intérêts. La transition énergétique se fera parce que les gens, les entreprises et les gouvernements y auront intérêt : parce que les énergies décarbonées seront moins chères et plus efficaces. Toutes les transitions se sont toujours faites quand l’alternative était meilleure que le ‘business as usual’ -c’ets comme ça que nous réussirons, et que les citoyens y verront leur intérêt.

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