3 questions à Laurence Poirier-Dietz, Directrice générale de GRDF

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Laurence Poirier-Dietz, qui vient d’être reconduite à la direction générale de GRDF, l’un des membres fondateurs de Coénove, a accepté de répondre à notre traditionnel 3 questions. Au programme : ambitions et priorités de son nouveau mandat, place du gaz dans les scénarios de transition énergétique et « Mission Décarbonation » !

Vous venez d’être reconduite à la tête de GRDF, pour un mandat de 4 ans, lors du dernier Conseil d’Administration qui s’est tenu le 12 mars dernier. Quelles sont vos ambitions et vos priorités pour cette nouvelle période ?

Tout d’abord, je suis très honorée et fière de continuer à diriger GRDF pour les quatre prochaines années !

Pour cette nouvelle période qui s’ouvre, ma priorité sera d’accentuer encore nos actions visant à promouvoir les gaz verts dans le paysage français – mais aussi européen – et défendre leur place indispensable dans le mix énergétique pour atteindre la décarbonation mais aussi contribuer à la souveraineté française.

Car je suis convaincue que les gaz verts sont, et resteront, indispensables pour la France. En effet, le gaz vert apporte des réponses immédiates et concrètes à des enjeux majeurs : la réduction de l’empreinte carbone de secteurs fortement consommateurs d’énergie, la souveraineté énergétique avec un gaz produit en France, la transition écologique du monde agricole et la réindustrialisation du pays.

Le potentiel, la filière, les infrastructures, les technologies, l’envie des consommateurs : le gaz vert dispose de nombreux atouts dont la France a besoin pour réussir sa transition vers un monde décarboné.

Dans ce contexte, je suis convaincue que notre projet d’entreprise « Mission décarbonation » – qui est pleinement engagé pour le développement des gaz verts et la décarbonation – sera la clé pour réussir ces défis. Dès lors, je mettrai toute mon énergie durant ce nouveau mandat pour permettre la réalisation des actions prévues par ce projet et l’atteinte des objectifs ambitieux que nous nous sommes fixées. Et je sais pouvoir compter sur l’engagement et le professionnalisme des 11 000 collaborateurs de GRDF pour relever ce défi !

Les « Perspectives Gaz 2024 », publiées il y a quelques mois par les principaux opérateurs gaziers, offrent une vision stratégique du secteur gazier. En quoi ces perspectives peuvent-elles nourrir les scénarios de transition énergétique de notre pays ?

Nous savons tous que les objectifs climatiques exigent une intensification des actions. Sobriété et efficacité énergétique devront s’accélérer, tout comme le verdissement de toutes les énergies. L’heure n’est donc plus à l’opposition des énergies mais bien à leur complémentarité. Dans cette transition, nous sommes convaincus au sein de la filière que le gaz joue et jouera un rôle central pour décarboner tous les secteurs.

Mais cette conviction forte que nous partageons ensemble au sein de la filière ne suffit pas : nous devons la factualiser, la rendre crédible et la faire entendre auprès des pouvoirs publics et des acteurs de l’énergie pour les convaincre du rôle indispensable des gaz verts dans le mix énergétique et de la nécessité d’intégrer ces derniers dans les scénarios de transition énergétique de la France.

C’est pourquoi, l’exercice des « perspectives gaz 2024 » s’est attaché à démontrer que la filière de production des gaz renouvelables et bas carbone était d’ores et déjà prête à mobiliser son potentiel pour augmenter rapidement et de façon significative les volumes de gaz produits en France. Aujourd’hui, le réseau de distribution de gaz est déjà en mesure de distribuer du gaz vert : nous avons 14 030 GWh/an de capacité installée de biométhane injectable dans les réseaux gaziers, soit l’équivalent de la production de 3 réacteurs nucléaires. Et à l’horizon 2030, nous prévoyons une production de 60 TWh de gaz renouvelables et bas carbone (hors hydrogène), et le double d’ici 2035.

En outre, il était important de démontrer dans ces « perspectives gaz 2024 » que cette trajectoire peut se réaliser avec un coût maitrisé puisque les investissements nécessaires au développement des gaz verts sont connus et maîtrisés, compris entre 6 et 9,7 milliards d’€ d’ici 2050. À titre de comparaison, ces dépenses représentent un effort financier très largement inférieur aux 200 milliards d’euros nécessaires pour moderniser le réseau électrique d’ici 2040.

Par le biais de ces Perspectives gaz, nous proposons donc aux décideurs une feuille de route claire pour la transition énergétique : une baisse de la consommation, un verdissement accru de la production et des investissements limités. Ce que nous offrons, c’est donc un scénario gagnant pour l’environnement, le pouvoir d’achat et l’équilibre du système énergétique, en ligne avec le plan européen Fit for 55.

GRDF et ses 11 000 collaborateurs sont pleinement engagés dans le projet d’entreprise « Mission Décarbonation ». Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet et sur la reconnaissance qu’il suscite également à l’international, notamment à travers votre récent déplacement au Portugal ?

Comme nous l’avons vu, notre conviction profonde est que l’énergie gaz a un rôle essentiel à jouer dans le mix énergétique français à l’horizon 2050, à condition de la décarboner et de transformer ses usages. Dès lors, nous avons fait le choix d’inscrire l’enjeu de la décarbonation au cœur de la stratégie de GRDF en lançant il y a 1 an notre projet d’entreprise « Mission décarbonation ». Celui-ci repose sur 3 piliers :
Multiplier par 5 la production de gaz verts.
Réduire de moitié les émissions liées à nos activités
Apporter à tous nos clients et partenaires les solutions pour baisser leur empreinte carbone.

Ce projet d’entreprise ambitieux s’inscrit pleinement dans l’ADN de GRDF et dans le chemin que nous avons déjà parcouru. En effet, GRDF s’est engagée depuis plus de 10 ans dans le développement du biométhane, et la France est désormais un modèle au plan européen avec plus de 737 sites d’injections et 14 TWh raccordés, faisant de la filière biométhane française une filière d’excellence.

Notre expérience et notre engagement vers la décarbonation sont reconnus dans le paysage européen et international, et nous sommes régulièrement sollicités par nos pairs pour partager notre expertise et les accompagner pour accélérer le développement du biométhane dans leur pays. Des partenariats de coopération sont régulièrement conclus avec nos homologues internationaux.
GRDF a ainsi conclu un partenariat avec Floene – principal distributeur portugais – pour favoriser la coopération énergétique entre nos deux pays et accélérer le développement des gaz renouvelables en Europe. Ce partenariat stratégique a été officialisé en février à Porto dans le cadre des accords bilatéraux signés lors de la visite d’Etat du Président de la République française Emmanuel Macron.
Par ailleurs, avec GD4S (l’association des distributeurs gaz européens), nous venons d’organiser à Paris fin mars un évènement « Biomethane Connect Europe » pour partager notre expérience sur le biométhane.

Cet intérêt ainsi porté à notre expertise et nos enjeux est un signe fort pour GRDF, et nous conforte dans notre stratégie de décarbonation !

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