3 questions à Frédéric Leveillé, Maire d’Argentan et Président de Terres d’Argentan Interco (Orne)
Publié leMarjolaine Meynier-Millefert, députée de l’Isère et Frédéric Leveillé, Maire d’Argentan dans l’Orne étaient les invités d’honneur du Point Rencontre des membres de Coénove le 12 mars 2024.
Coénove a souhaité approfondir les échanges avec le Président de Terres d’Argentan Interco qui a accepté de répondre à nos questions et nous présenter les actions de transition énergétique mises en place sur son territoire.
En tant que maire d’Argentan et Président de Terres d’Argentan Interco, quels sont les grands projets de transition énergétique que vous menez sur votre territoire, pour 2024 ?
Terres d’ Argentan Interco, depuis 2011, à travers la mise en place de plusieurs programmes (AGENDA 21, TEPVC, Territoire en Transition, Contrat objectif Climat, PCAET), travaille à l’élaboration d’un projet ambitieux de transition énergétique et écologique. Ces différents programmes ont permis d’investir massivement sur le territoire, dans le domaine de la sobriété, l’efficacité et le déploiement des énergies renouvelables. Un scénario chiffré de transition énergétique à horizon 2020 et 2030, cohérent avec le profil du territoire, a été élaboré amenant notre collectivité à devenir leader en matière de production d’Energie renouvelable en Normandie (29%) toutes énergies confondues.
A cet effet l’EPCI renforce encore son statut de territoire pionnier et innovant par de nombreux programme d’actions thématiques et le déploiement de moyens conséquents. La création récente d’un service dédié « Urgence climatique » en est l’illustration. Il permet de massifier les actions pour la période 2024-2026 dont le but est d’accélérer la création de valeur ajoutée sur le territoire. C’est le cas notamment avec notre volonté de créer prochainement une communauté énergétique citoyenne par le biais de l’autoconsommation collective massive d’acteurs publics et privés (autoconsommation multi-énergies), de valoriser la chaleur fatale de nos industries, et de développer une production légumière à destination de notre cuisine centrale.
Bref, d’aller vers des projets concrets d’envergure territoriale qui donnent de la visibilité à la transition écologique au sens large.
SNBC, PPE,… quelle vision portez-vous de la politique et des objectifs nationaux et sur leur déclinaison locale ?
A Argentan nous ne parlons pas à proprement parler de « décarbonation ». Stratégiquement, même si toutes les actions que l’on mène, entrainent un impact positif sur notre bilan GES, nous pensons que ce n’est pas la bonne porte d’entrée pour massifier les actions et entrainer l’ensemble des acteurs du territoire. Nous avons depuis longtemps pris l‘option de parler des avantages économiques que pouvait apporter une telle politique, basée sur nos capacités réelles en termes de ressources et sur nos propres spécificités territoriales. De la gestion interne de nos propres compétences et infrastructures (maitrise du coût de fonctionnement, économies de flux…), aux aides publiques conséquentes à aller chercher sur nos politiques régaliennes , ou aux emplois potentiellement créés, nous recherchons avant tout à construire des modèles économiques qui produisent de la valeur pour tous, citoyen compris, et qui permettent d’aller vers une résilience économique de nos forces vives afin de s’adapter aux chocs énergétiques en cours et à venir.
A la différence de la SNBC qui fixe des objectifs chiffrés de réduction de GES sans pour autant réfléchir à la viabilité économique réelle des actions à mettre en place pour atteindre ces buts dans un échéancier contraint, nous pensons notre projet de transition énergétique en terme d’« écosystème» qui doit avant tout parler aux gens et agir sur leur quotidien. Créer des boucles locales économiques pérennes de production, distribution et consommation doit être désormais au cœur des projets de territoire si l’on veut entrainer une vraie durabilité de nos actions et agir concrètement.
Argentan est la première commune « Gaz Vert » en Normandie, avec plus de 60% de gaz vert distribué dans le réseau et un affichage aux portes de la ville. Quel engagement cela traduit-il pour votre collectivité ?
Nos engagements sur le sujet sont multiples : notre territoire a été l’un des premiers de France à être doté d’un rebours depuis 2022 permettant de renforcer nos capacités de production et d’export des productions gazières locales. Notre flotte de bus est en grande partie aujourd’hui alimentée par du biogaz local et nous commençons à développer cette énergie pour nos véhicules légers, soit par achat direct de motorisation GNV, soit par la solution du « rétrofit ». Nous sommes aussi à la manœuvre pour développer une station d’avitaillement territorial, par le biais d’une société de projet dont nous serons actionnaires avec les sociétés de méthanisations locales et un tiers investisseur. L’idée, là encore, est de créer une infrastructure dont le modèle économique est local et qui permette d’assurer un service pour le plus grand nombre, à un coût attractif et rentable.
Autre sujet d’importance et d’avenir : nous lançons actuellement une grande étude de valorisation de l’ensemble de nos déchets du territoire par « pyrogazeification », permettant là encore de renforcer la production locale de biogaz et ainsi contribuer à renforcer la résilience de notre écosystème autour de cette question énergétique.
Au final, avec toutes ces actions et la dynamique en cours, nous pensons pouvoir être « autosuffisant » avec 100 % de gaz vert consommé et distribué sur notre territoire à horizon 2030.
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