Préserver la résilience du mix énergétique diversifié, soutenable économiquement et socialement
Le constat
Pics de pollution, pics de consommation, dérèglement climatique, disponibilité décroissante d’un parc nucléaire vieillissant, développement des énergies renouvelables variables non pilotables, apparition de nouveaux usages, autant de défis auxquels doit faire face notre système énergétique pour répondre à ces deux enjeux que sont la nécessaire sécurité d’approvisionnement du pays et la décarbonation de notre mix énergétique.
La résilience du mix énergétique français basée sur la diversité des sources et sur des infrastructures robustes constitue un atout qui doit être maintenu et renforcé.
L’électrification massive, levier de décarbonation, nécessite, pour équilibrer à chaque instant l’offre et la demande, des nouveaux moyens d’une ampleur financière considérable. L’électricité, énergie difficilement stockable, ne peut à elle seule constituer une réponse satisfaisante pour réduire la vulnérabilité énergétique du pays face aux appels de puissance liés aux incertitudes du changement climatique.
Ces dernières années, l’équilibre offre-demande à chaque instant suscite de plus en plus d’inquiétude à l’approche de l’hiver (et cette année encore !) … et pourtant ! Le graphe ci-contre résulte d’une analyse des appels de puissance hebdomadaires toutes énergies, tous usages (hors carburants), sur la période avril 2017- mars 2018, réalisée par Coénove :
Deux enseignements principaux à en tirer :
- Une mobilisation de 6 vecteurs énergétiques pour faire face à la pointe (gaz, électricité, réseaux de chaleur, bois, fioul et propane).
- Cette pointe hivernale d’environ 330 GW est couverte à 30 % par l’électricité et près de 40 % par le gaz
Par ailleurs, la compétitivité du prix du nucléaire (existant prolongé ou nouveau) et des ENR électriques est toute relative, notamment en comparaison au biométhane injecté qui s’est engagé sur une baisse de 30 % de ses coûts et dont le prix ne peut que baisser du fait de la dynamique de massification en cours.
Devant toutes ces incertitudes, la résilience du réseau de gaz est au service de la sécurité d’approvisionnement du pays !
Le gaz, y compris le gaz renouvelable, a des caractéristiques particulièrement adaptées au chauffage (puissance, énergie stockable). Il est disponible sur l’ensemble du territoire, les 230 000 km de réseau de gaz, propriété des collectivités, desservent les zones où résident 80 % des ménages et constituent des infrastructures d’acheminement robustes à des coûts amortis.
Dans le scénario d’électrification poussé par certains, en cas de retard dans la mise en service de nouveaux moyens de production ou dans les rythmes de rénovation ou en cas d’aléas climatiques brutaux, nous ne disposons d’aucune autre marge de manœuvre que des flexibilités complexes à mettre en oeuvre, onéreuses et perturbantes pour les clients.
Plutôt que mettre tous ses œufs dans le seul panier de l’électrification, la sécurité d’approvisionnement énergétique du pays passe par un mix énergétique pluriel diversifié et sûr
Chiffres clés
-
37 %
Part indicative de la puissance appelée prise en charge par le gaz en usage final à la pointe hivernale
-
130 TWH
Capacité de stockage du gaz
-
6
Vecteurs énergétiques différents appelés pour répondre aux besoins de tous les Français.
Nos propositions
Dès maintenant
- Veiller à ce que les travaux législatifs et réglementaires préservent un mix énergétique diversifié capable de faire face aux appels de puissance par grand
froid (thermosensibilité) et réduire la vulnérabilité énergétique du pays face aux incertitudes liées au changement climatique. - Veiller à ce que les scénarios de mix énergétique décrivent les conditions de faisabilité et les investissements nécessaires (production, stockage, flexibilité) pour éclairer les choix en matière de coûts et d’acceptabilité entre les différentes sources d’énergies à court et moyen terme.
- Favoriser le développement des gaz renouvelables, créateurs de valeur économique, agroécologique et d’emplois.
À moyen terme
- Contribuer à la souveraineté énergétique de notre pays en s’appuyant sur la production dans les territoires de toutes les énergies renouvelables, tant électriques que thermiques, valorisant le plus possible les réseaux existants et limitant les besoins de renforcement ou de création de nouvelles installations.
Réduire la politique énergétique de la France au seul enjeu du mix électrique conduira tôt ou tard à une impasse.