Décarboner le mix en dynamisant le développement des gaz renouvelables
Les différents gaz renouvelables (biométhane, biopropane, méthane de synthèse et hydrogène) constituent des sources d’énergie décarbonées, stockables, puissantes, souples et aux multiples externalités positives.
Pour atteindre la neutralité carbone en 2050 grâce à un mix énergétique diversifié, gage d’une sécurité d’approvisionnement renforcée, il est nécessaire de définir une nouvelle trajectoire de développement plus ambitieuse des gaz renouvelables.
Le gaz est en pleine mutation.
Plusieurs technologies de production sont déjà opérationnelles ou en passe de l’être au cœur de nos territoires.
- La méthanisation qui utilise notamment les déchets agricoles et agroalimentaires pour produire du biométhane
- La pyrogazéification qui amène une solution de traitement des déchets organiques solides (combustibles solides de récupération, bois …) et la gazéification hydrothermale pour la biomasse liquide : ces deux techniques produisant du gaz de synthèse.
- Le power-to-gas, production d’hydrogène par électrolyse de l’eau, à partir des excédents de production des EnR électriques à certaines périodes.
Les potentiels sont importants et tout à fait compatibles avec les perspectives de consommation de gaz en 2050.
Avec la méthanisation, le gaz est d’ores et déjà entré pleinement dans l’ère du renouvelable.
A fin décembre 2021, ce sont déjà 365 sites qui injectent sur le réseau de gaz pour des capacités de 6,4 TWh soit l’équivalent de la consommation de 1,4 million de logements neufs chauffés au gaz et ce sont plus de 1200 projets représentant plus de 25 TWh qui sont inscrits dans le registre des capacités.
En 2021, la filière biométhane, déjà mature, représente un potentiel significatif de verdissement des réseaux de gaz. L’injection du biométhane directement dans les réseaux le rend immédiatement disponible sur tout le territoire pour alimenter l’ensemble des secteurs et notamment pour décarboner, avec les autres vecteurs renouvelables, le gaz utilisé dans le bâtiment, du fait de la compatibilité des appareils existants.
La méthanisation présente des externalités positives, insuffisamment prises en compte à ce jour :
- Elle valorise localement et de manière pérenne des déchets organiques en mal de solution de traitement,
- Elle produit un amendement de sol se substituant en partie aux engrais azotés issus de l’industrie chimique,
- Elle constitue un complément de revenu pour les agriculteurs dans une démarche vertueuse d’économie circulaire.
Par ailleurs, à moyen terme, l’hydrogène et la méthanation viendront renforcer le potentiel de décarbonation du mix énergétique en soutien de la production d’électricité renouvelable.
Se passer des gaz verts serait une erreur !
- Parce qu’ils présentent un bilan très favorable en matière de réduction de gaz à effet de serre, comparable à celui des énergies renouvelables électriques et thermiques, avec un contenu carbone du biométhane de 23,4 g CO2eq / kWh PCI seulement.
- Parce qu’ils s’affirment comme des sources d’énergie décarbonées, stockables, et parfaitement complémentaires de l’électricité renouvelable intermittente en raison de leur stockage massif inter-saisonnier.
Les gaz renouvelables constituent une filière d’excellence française, un enjeu de souveraineté énergétique et de dynamisation de nos territoires. Leur développement nécessite un engagement politique fort pour :
- Valider de manière incontestable les potentiels.
- Poursuivre la mise en œuvre des simplifications administratives nécessaires.
- Donner de la visibilité aux porteurs de projet (tarif, fiscalité)
Chiffres clés
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420 TWh
Gisements sécurisés des gaz renouvelables à 2050 – Source FGR
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23.4 g/kWh
Valeur de référence du contenu CO2 du biométhane – Source étude QUANTIS et ENEA
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100 %
Gaz renouvelable en 2050
Nos propositions
Dès maintenant
- Confirmer les potentiels de ressources des différents gaz renouvelables (méthanisation, pyrogazéification, gazéification hydrothermale, power-to-méthane, hydrogène …)
- Viser l’affectation de 100 TWh à la décarbonation du bâtiment (cible 2050) pour permettre une utilisation locale des gaz renouvelables et contribuer à la sécurité d’approvisionnement en limitant les pointes de puissance électrique en hiver.
- Reconnaître dans les réglementations des bâtiments le rôle des gaz renouvelables dans l’atteinte des objectifs de décarbonation de la construction neuve et la rénovation.
- Concernant la méthanisation, stabiliser une trajectoire tarifaire viable et mettre en place un mécanisme de Certificats de Production de Biométhane (CPB) permettant un développement ambitieux et respectueux des filières.
A moyen terme
- Donner les moyens aux Territoires d’accélérer le développement des gaz renouvelables et expérimenter de nouveaux mécanismes de fi nancement pour soutenir la production et améliorer l’acceptabilité des projets.
Décarboner le mix énergétique, c’est décarboner le gaz.