3 questions à Christophe Bouillon, Président de l’Association des Petites Villes de France (APVF)
Publié leEn cette rentrée 2024 marquée par une conjoncture politique et énergétique complexe, Coénove a pu échanger avec Christophe Bouillon, Président de l’Association des Petites Villes de France (APVF), pour connaître sa vision des enjeux à venir pour les petites collectivités de notre pays.
En matière de transition énergétique, quels sont les grands défis auxquels les petites villes de France vont être confrontés dans les années à venir ?
A l’image du reste du pays, les petites villes de France vont être confrontées dans les prochaines années à la décarbonation de leur mix énergétique. En outre, la crise des prix de l’énergie que nous avons connu a mis en avant l’intérêt économique pour les communes d’engager des projets ambitieux comme la rénovation d’une école ou bien encore la rénovation de l’éclairage public.
Beaucoup de communes sont déjà engagées depuis plusieurs années sur la voie de la transition énergétique et en font un véritable axe de développement de leur territoire : je pense par exemple à la commune de Malaunay en Seine-Maritime qui est pionnière sur les questions d’autoconsommation.
Dans le cadre de la territorialisation de la transition énergétique, la loi d’accélération des énergies renouvelables de 2023 a donné un rôle clé aux élus locaux dans la gouvernance. A travers la définition de « zones d’accélération » les maires doivent permettre un développement harmonieux des ENR et les communes qui accueillent les projets bénéficier de retombées positives. Cependant toutes les communes ne disposent pas forcément de l’ingénierie nécessaire en interne : l’accompagnement, notamment des services de l’Etat, doit être à la hauteur afin de pouvoir faire sortir les projets de terre.
Compte tenu du contexte politique actuel, quelles sont les principales attentes de l’« Association des Petites Villes de France », que vous présidez, » vis-à-vis du futur Gouvernement et de la nouvelle Assemblée nationale ?
A la suite du résultat des élections législatives, il faut tout d’abord rappeler la profonde fracture territoriale et sociale du pays.
Dans nombre de territoires, la désertification médicale, les dysfonctionnements des services publics, le sentiment de relégation et d’abandon, a constitué un puissant déterminant de vote. Il y a donc urgence à prendre les problèmes à bras le corps et à changer de braquet en la matière. C’est l’efficacité des politiques publiques, et leur ressenti sur la vie quotidienne de nos concitoyens, qu’il convient d’évaluer et de réorienter fortement.
L’APVF a réaffirmé son entière disponibilité pour traiter, de manière constructive et exigeante, ces questions avec les pouvoirs publics. Il est temps d’écouter et d’entendre les Maires qui sont proches des problèmes et proches des solutions.
En tant qu’élu local, quelle est votre vision sur les atouts et potentiels des gaz renouvelables ?
Sur le terrain en tant que maire, la transition énergétique prend une dimension très concrète. On réalise vite qu’on ne peut pas « mettre tous ses œufs dans le même panier ».
L’objectif premier est clair : l’impérative sortie des énergies fossiles pour respecter nos objectifs climatiques ambitieux.
Si certains usages se prêtent à l’électrification et impliquent donc de produire plus d’électricité décarbonée, il faut grandement accélérer sur l’ensemble des énergies bas-carbone.
Les maires de petites villes ont déjà bien cerné l’intérêt des gaz renouvelables, par exemple sur la valorisation des biodéchets. On trouve ainsi à Moret-Loing-et-Orvanne, une commune d’environ 12 000 habitants, en Seine et Marne la première unité de méthanisation en injection spécialisée dans la valorisation de biodéchets en Ile-de-France avec près de 4000 foyers alimentés en gaz vert.
Dans tous les scénarios, la « sobriété choisie » sera la clé, il faut décarboner les énergies que nous produisons et consommons mais surtout à terme en réduire la quantité.
Nos petites villes sont au croisement de ces enjeux, maillons essentiels du territoire où se déploiera le modèle bas-carbone de demain
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