3 questions à Julien Darthou, Président de l’Association des Professionnels du Gaz

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Julien Darthou est Président de l’Association PG, il est surtout Directeur de la société Darthou spécialisée dans l’installation et la maintenance des systèmes de chauffage et de climatisation, ainsi que dans les travaux de plomberie et d’électricité générale.

L’entreprise de 40 personnes, dont le site principal est basé à Limoges, réalise l’entretien et le dépannage de différents équipements type chaudières gaz et fioul, PAC électriques, PAC hybrides gaz et fioul et chaudière/poêles à bois.

Dans ce contexte d’accélération de la transition énergétique, Coénove aimerait connaitre votre vision des politiques énergétiques ?

Les pouvoirs publics ont une position dogmatique sur la transition énergétique et notamment la décarbonation des logements avec la PAC électrique comme unique solution. Pour ma part, je suis convaincu de la nécessité de maintenir un mix énergétique. Je pense sincèrement qu’on ne peut pas réussir la SFEC sans un mix énergétique dans lequel le gaz a toute sa place.

Si on fait du 100% électrique, je me demande comment on va gérer les phénomènes de pointe en hiver quand on constate qu’Enedis émet des alertes au début de chaque hiver sur les tensions du réseau.

D’autant plus que les gaz verts se développent significativement avec l’ambition de peser 20% de gaz vert en 2030, c’est plus que la part du gaz russe importé aujourd’hui en France (17%).

D’après vous, comment pouvons-nous accompagner au mieux les clients dans la décarbonation de leur système de chauffage ?

Chaque annonce gouvernementale provoque dans une entreprise comme la nôtre, un afflux massif d’appels de nos clients qui se posent des questions sur leur système de chauffage.

Bien que nous soyons sur un marché interdit au démarchage, un grand nombre d’entreprises plus ou moins sérieuses, font du démarchage via les réseaux internet, les appels téléphoniques et même en physique pour vendre des PAC électriques.

Leur approche se fait en biaisant la communication sur la fin du gaz ou du fioul , ce qui génère de l’inquiétude chez nos clients. Sur le terrain, nous sommes sollicités pour rassurer et rétablir la vérité.

Pour bien accompagner les clients et leur prescrire la bonne solution de chauffage, il faut tout d’abord étudier la structure de leur logement et notamment la qualité de l’isolation mais aussi leur besoin en eau chaude sanitaire et il faudra vérifier la place disponible pour installer l’équipement.

Si la maison est mal isolée, si les besoins en température sont importants, s’il n’y a pas une place suffisante et s’il y a des risques de gêne acoustique du fait de la proximité du voisinage, la solution thermodynamique ne sera pas adaptée. Pour une maison mal isolée équipée d’émetteurs haute température la pompe à chaleur hybride et la chaudière THPE sont des solutions techniques parfaitement adaptées.

Enfin, il faut calculer le reste à charge pour le client et malgré la fin des aides, je constate que la chaudière THPE reste bien souvent la plus compétitive notamment si le client est déjà alimenté par le réseau de gaz naturel … réseau qui demain transportera du gaz renouvelable.

Quelle est votre vision de la PAC hybride sur le marché ?

D’après moi, la PAC hybride a toute sa place pour répondre aux ambitions de la transition énergétique. Elle bénéficie des mêmes aides que la PAC et apporte des bénéfices supplémentaires aux utilisateurs.

La PAC électrique est un produit principalement adapté aux maisons individuelles neuves bien isolées avec par exemple du plancher chauffant basse température. Sur de la rénovation d’une maison moins bien isolée, j’émets quelques réserves sur la performance d’une PAC élec seule notamment les équipements de type haute température.

Si le client est déjà alimenté au gaz naturel, avec une PAC hybride, il profitera du meilleur des deux énergies au bon moment : aucun risque d’avoir froid l’hiver quelle que soit l’isolation de sa maison.

En tant que Président de l’association PG, j’estime que les installateurs PG ont toutes les compétences pour mettre en œuvre ce produit qui présente de nombreux avantages et il existe depuis peu une mention « PAC hybride » pour le garantir.

La PAC hybride n’est pas suffisamment connue du grand public. L’association PG fait un gros travail d’informations.

D’une manière générale, je pense qu’il faut laisser du temps à la filière pour s’organiser, pour gérer cette transition énergétique et écologique de façon cohérente, informer les clients et former les techniciens et éviter les débordements avec des acteurs peu scrupuleux opportunistes.